« Ryan.. réveilles toi, j'vais voir ta mère pour lui rapporter le double des clés qu'elle nous a donnés hier... j'vais sûrement l'aider à nettoyer la maison, tu veux venir ? »
« Fuck off, tu crois vraiment que j'ai envie de venir après ce qui s'est passé hier soir? »
« Fine.. vu que c'est TA mère accessoirement, j'me disais qu'il existait quand même une certaine probabilité que tu viennes avec moi, mais tu sais quoi, va y restes là.. pussy. »

Je lui donne un coup d'oreiller à cette chochotte. Il a beau faire presque deux mètres de long et avoir des avants-bras aussi durs qu'une bûche de bois, dans le fond, ce mec est une vrai poule mouillée c'est pas possible. J'me dis quand même qu'on est venus ici pour que j'apprenne à connaître sa famille et ses racines, qu'il se ressource et lui, il ose même pas aller s'excuser ou ne serait-ce que tenter d'arranger les choses après le très .. épique souper de la veille. Déjà voir la surprise de ses parents puisque Mr. Levinstone ne semblait ne pas avoir mis réellement au courant ses parents de notre histoire, enfin si ce n'est une semaine après que nous sommes arrivés ici, alors que cela fait presque trois ans que nous sommes mariés.... logique en effet. Puis, après, il y avait la fameuse Malin, que je ne connaissais absolument pas et qui s'avérait n'être personne, si ce n'est l'ex petite amie de Ryan, ceci pendant six ans. Génial. On continue donc avec sa fameuse soeur que Ryan aime comme la prunelle de ses yeux et avec laquelle il s'est engueulé, alors que j'apprenais donc qu'elle était enceinte, bien que j'avais remarqué, du mec assis en face de moi Connor, alors que ce même Connor était actuellement marié à une certaine Navid. Et pour parfaire le tout, son ex petit ami Loghan l'avait battu. Assise là, devant mon assiette avec mon beau morceau de poulet, droite comme un I, les mains presque tremblantes dans laquelle se trouvait ma fourchette, alors que je résister à ne pas regarder Malin qui me dévisageait depuis le début du souper, je me demandais ce que je foutais là. Et je me demandais comment Ryan avait réussi à nous embarquer dans une merde pareille, enfin comment j'avais réussie à m'embarquer dans une merde pareille. Quoiqu'il en soit, une fois ce terrible souper fini, ou les secondes me parurent des heures tellement je me sentais mal à l'aise et bien à l'étroit sur ma chaise, Ryan fut mal tout le reste de la soirée, et j'ai du batailler de ferme pied juste pour l'amener dans le lit ce nigaud, qui comptait rester dans l'appart, avec sa clope et sa vodka, a faire les cents pas jusqu'à l'aube sans raison et en proférant des insultes inaudibles, les yeux globuleux. Ce type a vraiment des phases nerveuses parfois. C'était bien la première fois que je le voyais dans un tel état et j'avais de la peine pour lui, faut dire que quand même en général, il en faut de la matière pour réussir à le mettre hors de lui Ryan. Enfin bref, je dois quand même rapporter le double des clés que m'a donné sa mère hier car évidemment, ni moi ni lui n'avait pris les clés de l'appart' , et sa mère a été si adorable avec moi, que j'pense que j'vais sûrement l'aider à nettoyer le mess que cela a du être, et pourquoi pas prendre un café avec elle calmement, afin de comprendre un peu mieux la situation et tant qu'à faire sympathiser, montrer que je suis pas l'espèce de garce qui vient pourrir la famille Levinstone et son entourage.

Après m'être rapidement préparé en enfilant un simple t-shirt avec un jean et une paire de simples converses, j'attache mes cheveux et me maquille à peine avant de partir. J'ai déjà envie de fumer à peine arrivée devant la porte mais je me retiens, car j'ai pas envie de puer la clope devant sa mère. J'me dis qu'il faut que je reste naturelle surtout, agréable et serviable comme je sais le faire, mais still, après ce fameux souper qui avait déchiré sa race de façon négative, j'avais presque honte de me repointer ici, même si techniquement j'avais rien fait. Et puis merde, c'est moi qui avait voulu venir ici après tout, c'est pas pour rester cloîtrer chez moi à attendre que Ryan arrange les choses pour moi et que l'eau coule sous les ponts car ça c'est pas moi et c'est pas non plus Ryan. Je finis alors par toquer une dernière fois à la porte, me raclant la gorge et inspirant un grand coup. La mère Levinstone m'accueille avec joie, enfin tout est relatif mais m'accueille déjà c'est bien en me saluant, alors que je lui rapporte les clés et que je lui demande si elle a besoin d'aide. Bien entendu, cette dernière me réponds que non, qu'il ne faut pas que je m'embête que tout est propre, mais alors que je jette un coup d'oeil discret dans la cuisine, je vois bien qu'il reste encore pleins de trucs entassés dans le lavabo. J'affiche un grand sourire, alors, continuant mon chemin dans la cuisine : « Madame Levinstone, enfin Kelsey, c'est vous qui devriez ne pas vous embêtez. Vous avez été déjà si généreuse de tous nous accueillir, laissez moi au moins vous aidez à ranger, il faut dire qu'avec ce qui s'est passé hier, j'ai préféré m'assurer que Ryan rentrait en un seul morceau à la maison. » Putain, il avait été un sacré cas hier soir lui, a balancer des fucks a tout bout de champs, a deux doigts de limite casser son assiette sur la table, il aurait été capable de rentrer dans une bagarre avec le premier mec qui passait sur son chemin tellement il avait perdu la boule le type. J'avais même pas voulu rentrer à pied alors que le chemin est pas loin car j'avais eu trop peur justement qu'il fasse une connerie. J'dis ça bien entendu d'une phrase très neutre, ne préférant pas prendre partie pour quoique soit puisque de toute façon, je connais personne ni rien sur les relations qui unissaient les personnes du dîner, du moins dans les détails les plus intimes. Je commence donc à faire la vaisselle alors que je discute de tout et de rien, de la pluie du beau temps avec la mère de Ryan, et ceci fait, le téléphone sonne. La mère Levinstone va alors répondre au téléphone alors que je m'apprête à vider le lave-vaisselle. C'est alors qu'entre Kyra dans la pièce, et je la salue alors, bien que je sens déjà que je vais devoir encaisser des regards à vous en glacer le sang : « Hey, salut Kyra.. tu vas bien ? » Bien entendu, elle me regarde, le regard brûlant d'une espèce de haine que je ne pourrais qualifier alors que je déglutis péniblement le mince filet de salive qui traîne dans ma gorge. Je me retourne alors pour débarasser quelques trucs dans le silence le plus totale, alors que Kyra trafique je ne sais quoi derrière moi, mais je finis par me dire que ce silence est insupportable, et que moi, j'aimerais bien la connaître Kyra. Car après tout, si Ryan tient à elle autant que cela, c'est bien qu'elle doit être sympathique.. non? Enfin, c'est un raisonnement pure syllogique dont je ne devrais douter. J'me racle silencieusement la gorge, en me retournant vers elle, armé de ce sourire sincère que je m'efforce de garder pour lui demander : « Il va faire beau encore aujourd'hui, c'est nice de pas avoir à s'emmitoufler dans des grosses doudounes ici. » Second silence gênant, je baisse pas le regard, me mordant juste la lèvre avant de regarder autour de moi en priant pour qu'un miracle se produise avant de finalement ajouter : « Et sinon, tu fais quoi en ce moment, des études, un job ? Ryan m'a dit que t'as toujours été brillante dans tes études. »

« Kyra pourquoi est ce que tu nous as rien dis ? Tu sais qu’on aurait pu t’aider » Que me dit ma mère en passant le bout de ses doigts dans ma chevelure blonde. Je ne voulais pas que mes parents apprennent pour Loghan. Je pensais que tout cela pourrait rester sur silence et que je pourrais tenter de la cacher mais c’est raté. Si Ryan ne s’était pas comporté comme un connard égoïste rien de tout cela ne serait arrivé. Le dîner de la veille laisse encore une putain d’empreinte amer et rien qu’à y repenser, ça me donne la nausée. Rien ne s’est passé comme je le désirais. Navid présente dans ma propre maison à côté de Connor, la soit disant épouse de mon frère et ce dernier, premier au poste pour me faire chier et me pousser à bout. Je savais qu’en arrivant et découvrant tous les convives j’aurais mieux de me tirer et d’éviter les catastrophes qui ont suivi. Mes parents ont cru bien faire en imaginant que je pourras peut-être me réconcilier avec mon ancienne meilleure amie le soir de Noel et même tenter de faire des efforts avec Devyn. C’était simplement stupide de leurs parts. C’est pas une fête censée rapprocher les êtres qui va faire que je vais oublier la trahison que j’ai supporter ou même que va faire que comme magie, Devyn aura un peu de valeur à mes yeux. Ce n’est clairement pas le cas et ça ne le sera jamais. Ça m’a juste brisée un peu plus de devoir côtoyer Connor et faire comme si de rien n’était, comme si ce bébé n’était pas le sien, comme si mes sentiments finiraient par disparaître et surtout comme si j’étais heureuse de le voir avec l’autre idiote. Ryan n’a pas cessé de me faire chier avec ses remarques estimant sûrement que ma froideur et mon cynisme n’étaient pas tolérable, mais je n’en ai rien à foutre de ce qu’il pense parce que si on en arrive là c’est de sa faute. Il m’énerve à se prôner comme le mec sans défaut, le mari aimant et le frère rempli de valeurs. Il a baisé Malin et ose continue de regarder son épouse en faisant mine que rien ne s’est passé et moi ça m’énerve. Je me suis retenue au souper de le sortir pour que la vérité éclate et que tout le monde puisse voir que ses dires n’étaient que des putains de leurres dont il essaye de se persuader aussi. Je me retourne vers ma mère en plongeant mon regard dans le sien. Je sais qu’elle est peinée à cause de toute cette histoire, de notre énième dispute avec Ryan. J’hausse les épaules, mon dos butant contre le matelas et mes mains posées contre mon ventre. « Ce n’est pas le genre de choses dont on parle facilement maman puis maintenant qu’elle important ça à ? C’est du passé. Je t’assure que ça va. ». Je tente de la rassurer parce que je n’ai clairement pas envie qu’elle s’inquiète encore plus. Je lui ai pas dis que Loghan était de retour et qu’il s’en été pris à moi l’autre fois parce que je sais qu’elle en fermerait plus les yeux. « T’aurais du pourtant, tu sais que ton père et moi on t’aurait aidé à sortir de cet enfer » Qu’elle me dit en posant une main contre la mienne. Je ne dis rien détournant le regard vers la fenêtre alors qu’elle dépose un baiser sur mon front, quittant la pièce. J’ai envie de tout exploser et de quitter la ville, encore. Je me rends compte que rien ne se passe comme il faut et à mesure que le temps avance, les gens autour de moi se cassent ou me donnent envie de me casser. Ça me met le cœur en berne ces disputes avec mon frère parce que je déteste quand on s’engueule. C’est un peu ma moitié mon frère et on a toujours eu une relation bien à nous. On s’emmerdait, on se disputait mais ça ne prenait jamais une telle tournure. A présent ; je me demande si on réussira à retrouver cette relation qu’on avait avant.

Je me redresse quelque peu avant de me lever pour marcher vers la grande baie vitrée de ma chambre. Le bout de mes doigts glisse contre celle-ci et mes yeux se portent vers l’océan au loin. Je me sens comme vide –lassée et j’me demande si les choses vont changer pour enfin me laisser un peu de répit. Après quelques secondes passées dans ma chambre, je passe une main dans ma nuque avant de descendre en bas pour commencer à me préparer un truc à manger. J’ai faim, c’est tout le temps cas en effet, ce bébé va finir par me rendre obèse mais j’me dis que c’est normal puisque je me nourris pour deux maintenant. J’arrive en bas, me faufilant dans la cuisine et c’est avec une certaine surprise que je découvre Devyn, la…femme de mon frère. Je me stoppe en la fixant. Bordel, comme si voir sa gueule hier soir durant le repas ne m’avait pas suffit. Non, faut encore qu’elle se pointe ici maintenant en pensant sûrement qu’elle fait officiellement partie de la famille à présent. C’est faux, en tout cas à mes yeux ça ne sera qu’une pauvre fille que mon frère a ramassée pour tenter d’oublier Malin. Et apparemment ce n’est pas le cas, sinon il l’aurait pas baisé, il se serait contenté de la laisser s’énerver et la laisser repartir. Je pourrais décider d’apprendre à la connaître mais…en fait non. Je n’en ai strictement rien à foutre qu’elle soit la femme de Ryan ou pas, pour moi c’est la même chose. Je veux dire, ce n’est pas comme si ce mariage me plaisait ou qu’elle me donnait envie de la connaître. Rien que par rapport à Malin, je me vois mal sympathisé avec la femme qui lui a pris l’homme qu’elle aimait. Bon okay, il était célibataire et en droit de trouver quelqu’un, mais si ce connard a préféré épouser une femme sans nous le dire, ça doit bien signifier quelque chose. Durant deux ans, il a fait sa petite vie tranquille avec l’autre idiote et maintenant il pense sérieusement qu’après tout ce temps de silence, je vais devenir amie avec elle. Puis quoi encore merde. Rien que de voir sa gueule là dans la cuisine familiale me donne envie de lui balancer des horreurs pour qu’elle se tire définitivement. Je m’avance vers elle légèrement avant de me stopper au niveau du plan de travail. Elle prend la parole apparemment embarrassée de se retrouver face à moi, et bien elle a raison. Elle me parle d’abord du climat de la ville avant d’enrayer sur des questions concernant mes projets professionnels du moment. J’arque un sourcil avec une seule envie rire pleinement. Je ne comprends même pas comment elle peut me parler naturellement après tout ce qui a pu se passer ce soir. Je veux dire, ce n’est pas comme si je me suis montrée ouverte ou heureuse de la voir, elle ne devrait même pas me parler je crois. Je sais qu’elle a rien demandé et que ce n’est sûrement pas facile pour elle, mais pour moi non plus actuellement et tout ce qui je dois subir se ressent dans mon comportement, odieux. « Pourquoi tu me demandes tout ça ? Je veux dire, ce n’est pas comme si on était amies ou qu’on était en passe de le devenir ». Je lui réponds cela froidement avant d’ouvrir le frigidaire pour sortir une coupelle avec le reste du dessert de hier. Je le dépose sur le plan de travail en regardant Devyn à nouveau. Peut-être que mes parents sont prêts à faire des efforts avec elle mais c’est clairement pas le cas pour moi. Je m’assois sur une des chaises présentes. « Tu devrais retrouver Ryan. T’es sa femme et à vrai dire, là j’ai aucune envie de te voir toi ou n’importe quoi qui pourrait me faire penser à mon frère ». Je suis trop blessée par le souper et le reste à vrai dire. En revenant ici, je me doutais en rien de tout ce qui arriverait et j’avais réellement l’espoir que tout irait bien puisque ma famille m’épaulerait. Mes parents le font, Ryan lui a du se perdre en route. Je mange une bouchée de gâteau en replaçant une mèche de cheveux. « Je vais être claire, devenir proche de toi ne m’intéresse pas, deux ans que t’es mariée avec mon frère et je l’apprends seulement maintenant, c’est juste écœurant alors franchement, me soucier de toi ou de votre mariage, non merci ». Je lui dis cela froidement en la fixant.

Plus le temps passe, et plus Kyra me lance ces regards à vous en glacer le sang et vous donner envie d'aller acheter dès à présent votre funèbre cercueil, plus je me demande tout de même qu'est que je fous là. Pourquoi je cherche à faire des concessions avec tout le monde depuis mon arrivée, d'un côté j'me dis que j'ai pas le choix et que c'est pour le moment le seul moyen de me faire accepter et pourquoi pas apprécier - soyons fous - ici, je dois le faire avant tout pour Ryan, je sais très bien que si je ne m'entends pas avec sa famille, jamais notre histoire n'aura une chance de marcher car sa famille passe avant tout, j'ai bien pu le remarquer en un quart de secondes lorsque je vis la façon dont il regardait Kyra ou sa mère Kelsey. Et pourtant. Et pourtant je ne peux m'empêcher de dire qu'en dépit de mes efforts les plus acharnés, j'ai l'impression qu'ils ne serviront à rien, que ma potentielle relation avec sa famille et son entourage est une cause perdue dans le sens ou ils me semblent déjà bien tordus et brisés pour chacun d'entre eux, et combien ils semblaient tous autant les uns que les autres bornés sur leurs préjugés, et en aucun cas prêt à m'accepter dans leur communauté, petite pauvre américaine et new-yorkaise probablement trop bourgeoise, trop ci trop ça à leur yeux. Je sais, je m'énerve, je suis si peu patiente, mais je n'ai eu aucun signe encourageant depuis mon arrivée ici et j'en viens presque à me dire que tout cela était une erreur. Que j'aurais jamais du venir ici, que j'aurais du écouter ce stupide Ryan qui me conseillait de rester dans notre petit appartement cosy et tranquille de New York, dans notre petite vie de couple parfait. Seulement, j'avais besoin de connaître sa famille. J'avais besoin d'aventures, de quitter New York et ce petit berceau qui a été toute ma vie, j'en avais besoin pour moi, pour mon histoire avec Ryan, et Ryan en avait besoin aussi. J'avais envie d'aller là bas, du plus profond de mes tripes, je voulais connaître sa famille, faire en sorte de pouvoir le connaître dans les moindres détails. Je sais pas, je m'imaginais déjà ici moi, tranquille avec mon chapeau de paille, petit short et mes lunettes, coktail à la main, à la plage avec mes futurs enfants parfaits que j'aurais avec Ryan entrain de jouer au château de sable avec sa grand mère, ou alors entrain de prendre les vagues avec sa tante... mais en voyant Kyra actuellement me dévisager comme si j'eus été la peste, je me dis que mes espoirs sont probablement vains. Bordel, mais pourquoi je tente encore et encore de lui parler alors, que n'importe quel abruti pourrait deviner que je semble être la dernière personne à laquelle elle a envie de parler en ce moment même? Faut croire que même si je suis pas réellement patiente, je m'avoue paradoxalement extrêmement persévérante et que j'ai envie de lui montrer que mes intentions sont nobles, que je ne suis pas cette affreuse "petite amie du frère" possessive qui veut le garder pour lui et pense avoir tous les droits en abusant de son nouveau pouvoir auprès de la petite soeur de ce dernier. Non, sur ce point, je m'avoue quand même très conciliante, et même encline à l'idée de connaître la jeune femme, plaisir malheureusement pas partagé. J'ai l'impression que je suis partie sur des mauvaises bases avec à peu près tout le monde sauf les parents - encore que - de Ryan en dépit de mes efforts et de mon sourire acharné, et donc malgré moi. Si ce couillon avait peut-être prévenu de mon existence quelques années plus tôt, on en serait probablement pas là, et je serais probablement pas là, entrain d'essuyer la vaisselle, crédule avec une tête de misérable devant une Kyra aussi intransigeante que imposante, comme un espèce de lourdingue qui s'acharne sur une fille pour tirer son coup d'un soir. Bordel, mais qu'est que je fous là, telle est la question qui me hante en ce moment même.

Kyra reste donc dans un premier temps de marbre face à toutes mes paroles et cela me rends dingue, encore plus dingue car je la connais absolument pas et que par conséquent, je sais pas si c'est dans sa nature ou pas, d'être froide au début avant d'être chaleureuse, si elle est tout le temps comme ça, un peu perchée, ou si c'est juste parce que c'est moi, et qu'elle ne m'aime pas sans vraiment me connaître. Et justement, j'ai horreur d'être jugé sans qu'on ait pris le temps de discuter ne serait-ce que deux minutes avec moi, pour voir, que certes, je ne suis pas un ange, mais je ne suis pas non plus le diable et la peste incarnée. J'ai l'impression d'être un criminel accusé d'un crime contre l'humanité, accusé d'avoir je sais pas, déporté des hommes ou ordonné un génocide ici pour qu'on me lance des regards si haineux à tout bout de champs, que cela soit entre Kyra et Malin, ou encore même ces passants qui ont parfois pu me voir aux bras de Ryan et que Ryan devaient sûrement probablement connaître sans vraiment connaître. Je pensais pas qu'ici, il y avait un tel sens de la communauté et de la solidarité.... moi qui était habitué aux grands espaces ou tout le monde se regarde sans se regarder, ou personne ne se parle, obligé de raconter et d'avoir à me justifier quant à ma relation avec Ryan a chaque coin de rue c'était du changement, mais pas forcément du bon, pour quelqu'un d'assez... renfermée et introvertie comme moi au départ, enfin qui n'aime pas étaler sa vie privée en long et en largeur sur tous les toits. Quoiqu'il en soit, c'est sûr qu'avec Kyra j'avais pas ce problème avec les répliques cinglantes qui sont finalement sorties de sa bouche après un silence pesant, j'étais tellement surprise par la froideur et l'inattendue de ses remarques que je faillis lâcher l'assiette que j'étais actuellement entrain de laver, stoppant néanmoins mon activité pour me reposer mon regard vers la jeune femme. En temps normal, j'aurais abandonné, l'aurait traité de salope avant de me casser, lui mettre une bonne correction à cette "fripponne" mais là, je continuais de déglutir difficilement et de garder mon calme, garder le sourire et rester courtoise, quel joli mot. « Justement, j'aimerais en savoir plus sur toi car je ne te connais pas et j'estime que tu as un rôle à jouer dans ma vie à présent, peut-être à tort comme tu sembles vouloir le dire, mais tu fais partie de la famille de Ryan, et comme chacun des membres de sa famille, j'ai envie de vous connaître. » Je parle, cherchant à me justifier encore et encore avec les mots les plus nobles et les plus relax possibles, bien que je me sens niaise et totalement défoncée en m'entendant parler, si calmement avec des mots si démagos, j'ai l'impression d'être un putain de prof ou je sais pas un psychiatre pour être si... conciliante. Quoiqu'il en soit, j'ai plus rien à perdre, au point ou j'en suis, autant que je teste les limites de ma gentillesse. « Je suis vraiment désolé pour cette nouvelle si soudaine, mais je pensais que Ryan vous aviez mis au courant, moi non plus je n'aime pas quand les choses sont si ... abruptes d'un coup seul, mais les choses sont telles qu'elles sont désormais, j'aurais aimé pouvoir retourner en arrière, te connaître progressivement pour que nous partions sur de bonnes bases, comme des individus normaux mais faut croire que Ryan n'aime pas faire dans la normalité, et ce n'est pas pour autant que je n'aimerais pas apprendre à te connaître je le répète. » Bon, cela c'est dit, j'ai envie de taper contre toute la mièvrerie et niaserie que je dois dégager et je sais que Kyra ne doit probablement pas aimer cela, mais en même temps, je ne sais comment agir, n'ayant absolument pas connaissance de la personnalité de la jeune femme, si elle est plus farouche en ce moment du a ce qu'elle a traversé ces derniers temps, du moins de ce que j'ai appris la veille, ou s'il est comme ça avec tout le monde tout le temps, et qu'il faut s'adapter. Je finis alors par tenter, changeant de sujet pour peut-être arriver à un début de conversation : « Par ailleurs, j'ai rapidement compris que sur toutes les femmes de cette Terre, tu étais probablement la plus importante aux yeux de Ryan, alors je ne compte en aucun cas tenter de t'éclipser ou prendre ta place, au contraire, je pense qu'il serait disons judicieux que tu parles plus calmement avec lui, car je le connais depuis environ trois ans, et jamais je ne l'ai vu aussi troublé que hier soir après ce qui s'est passé entre vous hier soir. Je sais que je ne connais absolument rien de votre relation, mais je sais qu'il a accepté ma requête de venir ici en grande partie pour toi, alors peut-être que tu devrais te retrouver avec lui pour quelques heures, pour lui et pour toi. »

J’en avais plus qu’assez de ne pas pouvoir passer une putain de journée au calme. A croire que depuis mon retour, c’était une sorte de compétition, quelle sera la journée la plus merdique de Kyra Levinstone ? Je soupire intérieurement, lasse de devoir sans cesse me prendre la tête. Entre Navid qui n’avait pas hésité à me trahir, Connor qui ne semblait plus quoi faire, ni même comment agir avec moi et enfin Ryan qui obtenait la palme d’or du connard, mon esprit s’enflammait de plus en plus. J’avais beau avoir prôné haut et fort lors du souper que j’en avais rien à foutre de l’avis de mon frère, c’était faux, tout comme quand je me suis évertuée de lui dire que je n’aurais pas besoin de lui pour ce bébé ou pour ma vie à venir. Simple question de fierté je crois et surtout ce besoin irrépressible de lui prouver que je n’étais plus la petite gamine blonde de cinq ans qui lui courrait après pour jouer un peu. J’en avais marre au fond que Ryan me considère encore comme un bébé, j’avais grandi, peut-être trop vite, mais c’était le cas. En se cassant aux USA, mon frère ne m’a pas vu évoluer, il ne m’a pas vu affronter mes sentiments pour Lancaster, mon départ à Paris et encore moins les épreuves qui m’ont mis à mal là-bas. Peut-être que l’erreur venait de moi, j’aurais sans doute du ouvrir ma gueule et parler à Ryan mais qu’est ce que ça aurait changé ? Rien. Et maintenant la situation semblait arriver au précipice de la colère et de la rancœur. Il m’en voulait clairement d’être enceinte, de ne pas avoir eu le courage de lui dire avant et encore plus de ne pas réclamer de comptes à Connor. Je ne pouvais pas le forcer à quitter Navid, encore moins le forcer à me dire qu’il m’aimait ou que c’était moi la femme qu’il voulait. A part l’enchaîner à un arbre et le menacer avec un couteau, je ne vois pas ce qui pourrait faire que ça arrive et je n’en suis pas rendue à ce stade, encore. Et la rancœur de mon côté envers Ryan était aussi au maximum. Il se comportait comme le plus gros salopard et pourtant n’arrivait pas à assumer que c’était le cas. Lui aussi a décidé de me cacher volontairement la vérité en ne me parlant pas de ce maudit mariage. Je veux dire, un mariage merde, un mariage qui dure depuis deux ans, ce n’est pas rien, ce n’est pas comme m’apprendre qu’il s’est acheté une nouvelle collection de boxers merde. De toute manière, je ne cautionnais pas ce mariage, et encore je me demandais ce qu’il représentait réellement pour mon frère. Ryan blâmait Connor d’avoir trompé Navid, de m’avoir mis en cloque sans réfléchir aux conséquences, mais monsieur pouvait se foutre ses leçons de morale au cul parce que je voudrais bien savoir s’il a pensé à Devyn, en défonçant l’entre cuisse de Malin. Ça me dérangeait pas au fond, je veux dire, j’ai toujours été une partisante du couple de Ryan avec Malin alors forcément. Puis ce n’est pas comme si Devyn représentait un semblant de quelque chose pour moi. Mais mon frère n’a pas le droit de blâmer son meilleur ami pour un truc qu’il a fini par faire aussi, connard.

Je continue de me délecter du dessert aussi succulent que lourd en fixant la femme de mon frère, elle me coupe pas l’appétit, c’est déjà un bon point. Je suis froide, presque agressive dans mes propos envers elle et ce n’est pas prêt de changer. Je ne vois pas pourquoi je ferais des efforts envers elle, parce qu’indirectement ce serait en faire pour mon frère et ça c’est hors de questions. Devyn semble mal à l’aise, presque surprise par moment de la façon dont je me comporte. Je n’en ai strictement rien à foutre, ouais. Elle finit par reprendre la parole en me fixant, m’expliquant qu’elle a envie de me connaître parce que je fais partie de la famille de Ryan et que ça lui semble normal. Non, rectification, ce qui aurait été normal ça aurait été de me prévenir, de me dire qu’il y avait eu ce mariage et peut-être là j’aurais pu revoir mon jugement. Je l’écoute déblatérer ses conneries, en continuant de manger. Elle en vient à me dire qu’elle comprend que je sois blessée de ne pas avoir été mise au courant, avant de me dire qu’elle ressent un peu la même chose puisqu’elle n’était pas au courant que notre famille ne savait rien. Ryan, c’est vraiment la classe à l’état pur, bordel. D’un côté, je la comprends. Enfin, je me doute que de découvrir qu’elle n’était encore qu’une banale inconnue aux yeux de la famille de son mari, ce n’est pas simple. En prenant du recul, je me rends compte que Devyn n’est pas forcément la méchante dans l’histoire. Pourtant, ça me semblait difficile de l’admettre parce qu’une partie de moi estimer que ce serait comme trahir Malin. C’était peut-être bête mais c’était ainsi. Je baisse mon regard, jouant avec ma cuillère dans la petite coupelle de verre alors que Devyn marque une pause pour reprendre rapidement. Elle me dit alors que sur toutes les femmes présentes sur cette terre, je dois être la plus importante pour Ryan. Je ne dis rien, gardant le regard baissé. Elle a peut-être raison, j’en sais rien, quand bien même ce serait le cas, on ne peut pas dire qu’il me la vraiment démontré ces derniers jours. Elle poursuit en me disant qu’elle ne tente pas m’éclipser ou prendre ma place auprès de mon frère. Tant mieux, parce que de toute façon si elle avait tenté de faire ça, ça n’aurait qu’un peu plus attisé ma colère entre elle. Devyn me dit qu’après trois ans à côtoyer mon frère, elle ne l’avait jamais vu aussi troublé et mal que hier soir. En même temps, encore heureux, je veux dire, ce repas a vraiment été une putain de catastrophe, ça me semble logique qu’il soit mal, le contraire m’aurait vraiment blessé. Elle me dit alors qu’on devrait se trouver quelques heures, rien que lui et moi pour tenter de mettre tout sur table pour enfin réussir à repartir sur de bonnes bases. Je relève mon regard vers elle en laissant échapper un soupire. « Le problème c’est que je n’ai pas envie de le voir, ni même de me retrouver face à lui okay ? » Que je lui dis avec toujours un brin de froideur et de colère dans ma voix. Je veux dire, le revoir quelques heures après notre dispute brutale, ça n’arrangerait rien, sinon aggraver un peu plus la situation. « Tu crois que j’avais envie d’étaler mes soucis devant tout le monde ? Non, mais à cause de Ryan, de son égoïsme et de sa connerie monumentale j’ai du le faire, parce qu’encore une fois monsieur devait avoir le dernier mot ». Que je lui dis en la fixant avant de me relever pour apporter la petite coupelle de verre de l’évier. Parler, me retrouver avec lui n’arrangera pas les choses. Je me retourne vers la jeune femme, m’adossant au meuble de cuisine en la fixant. Je tente de me calmer et de me montrer un peu plus cordiale. « Tu veux arranger les choses, c’est sympa mais c’est une cause perdue. Je ne suis pas en tord cette fois-ci et je m’excuserais pas. Comme tu l’as dis, tu connais mon frère depuis trois ans, tu sais donc qu’il ne fera clairement pas le premier pas, alors qu’il aille se faire voir » Que je lui dis avant de me rapprocher un peu pour m’assoir sur une chaise, les deux mains posées contre mon ventre, le caressant doucement. Je reste silencieuse avant de reprendre. « En quittant Paris, tout cette merde là-bas, j’étais heureuse parce que j’allais retrouver le père de mon bébé et mon frère et au final j’ai perdu les deux. Je suis loin d’être sympa avec toi je le sais Devyn, mais à ce stade, j’ai plus envie de faire de cadeau et de me faire avoir encore. T’es sans doute une fille bien, mais tu vois j’ai peur. J’ai simplement peur d’avoir définitivement perdu mon frère et qu’il finisse par m’oublier avec votre…mariage. » Que je lui dis en regardant mon ventre.

J'me demande si depuis mon arrivée, les gens ont essayés de se mettre à ma place une seconde. Non, pas une seule seconde, car les gens sont égoïstes, pleins de préjugés et pensent simplement qu'à leur petite gueule. Depuis que je suis arrivée, mis à part la mère de Ryan, tout auquel j'ai eu le droit, c'est des "bonjour" austères - lorsqu'il y avait des bonjours - des regards torves probablement semblables aussi terrifiants que ceux qu'un loup et des messes basses, bien évidemment à propos de moi vu les regards brûlants que je recevais. Je pense que j'avais été bien sotte de penser que venir ici allait être un nouveau départ, nouvelle occasion de connaître l'entourage de Ryan et ne faire plus qu'un avec ce dernier, c'était certes un nouveau départ, mais un nouveau départ en commençant au fond du sachet. Faut croire qu'avec ma chance miraculeuse, j'avais réussie à débarquer pendant la période ou tous les conflits et traîtrises au sein de la famille de Ryan et de ses amis de familles étaient à leur paroxysme, arrivant donc comme le coup de théâtre final qui scelle définitivement l'apothéose du noeud théâtral tragique avec Ryan, qui couillon qu'il est, n'avait évidemment pas parlé de moi à sa famille. J'avais pas vraiment le mal du pays, mais il serait facile de l'avoir ici vu la façon dont j'étais traitée. Comme une souillonne, pêcheuse, diablerie, fourberie, tout ce que vous voulez qui s'associe à la disgrâce et l'antipathie à l'état pur. Je détestais cette situation étrange, entre silence funèbre, ou tout le monde se retient limite d'ajouter son petit grain de sel me concernant, alors que je suis prête à entendre chacune de leurs critiques, quand bien même je ne les auraient pas trouvées fondées puisque c'est Ryan qui n'a pas parlé de moi et non moi qui n'ait pas voulu qu'on parle de moi. Ryan avait pété son câble avec Kyra lors du dîner, mais je sentais que leur dispute et conflit n'était apparemment pas la seule chose qui avait besoin d'être réglée la veille. Et je déteste justement quand les choses restent comme une anguille sous une roche, que le poisson est noyé et que finalement, personne ne juge bon d'en parler. La communication est la base même de l'être humain et de la résolution des conflits, qu'ils soient de travaux ou sociaux. Je sentais bien les regards que Kyra jetaient sur Connor, puis sur Navid, les regards que Malin me lançaient, que Ryan lançaient à Malin, que Malin lançaient à Ryan et moi j'avais l'impression d'être juste une innocente et enfant candide qui se trouve coincé dans ce pseudo jeu de regardtusaisdequoijeparletcequejeveuxdire. J'avais l'impression d'être l'idée même d'un paria ou simple arriviste, débarquée en plein milieu d'un champ de mines. J'avançais donc pas à pas en ce moment même avec Kyra, ne savant pas réellement comment appréhender la jeune femme, posant donc délicatement chaque pied progressivement au fur et à mesure que je débitais mon flot de paroles. Prions pour que, tel une diplomate féroce, je parvienne peut-être à établir un ordre de paix provisoire et rectification d'un protocole de non prolifération de regards agressifs et de non déclaration de la guerre ouverte.

« Le problème c’est que je n’ai pas envie de le voir, ni même de me retrouver face à lui okay ? » Ha encore une tête brûlée bornée parmi les Levinstone, à croire que c'est de famille, et en même temps, vu l'engueulade de la veille ca expliquerait beaucoup de choses. Avec ça, ils ont pas les cuisses propres c'est moi qui vous le dit. Si elle s'avère aussi têtue que son frère la mule, le traité de paix tant espéré ressemblera plus à une guerre froide en fin de compte qu'autre chose. J'me dis que de toute façon, quoique je fasse, Ryan & Kyra restent frères et soeurs avec une incroyable alchimie à ce que j'ai pu constater dans les regards que lui lançait Ryan, et cela finira par s'arranger je pense, car c'est sans doute pas la première fois qu'ils se disputent. Néanmoins, je me sens bien trop inutile et je suis bien trop curieuse quoiqu'il en soit pour ne pas essayer d'opérer mon expertise qui a toujours fonctionné à merveille jusqu'ici dans mon expérience passée. Néanmoins, j'veux pas non plus réellement insister au risque d'agacer encore plus Kyra, déjà que c'est probablement un exploit jusqu'ici qu'elle tienne une conversation de plus de deux minutes sans me glacer le sang avec ses yeux marrons, j'vais pas non plus trop m'imposer. D'un ton quelques peu indécis, je finis par répondre, essayant de rester sereine et calme dans mes paroles : « Je sais que cela peut paraître con, surtout avec quelqu'un comme Ryan, mais j'ai toujours réglé les différends que j'ai pu avoir avec lui en face, car peut-être qu'à défaut de faire avancer les choses, tu le fais au moins pour toi, car c'est pas en restant dans une frustration permanente du fait qu'il veuille toujours avoir le dernier mot que tu vas t'épanouir. Il faut que tu le vois, que tu le regardes droit dans les yeux, lui dises de fermer sa grande gueule, tu lui dis ce que t'as à lui dire et si y'a rien de plus à espérer, tu t'en vas point. » J'ai toujours fait de cette façon avec Ryan, notamment avant que je me mette avec lui, lorsqu'il arrêtait pas de m'éviter depuis notre première partie de jambes en l'air, je l'ai chopé entre quatre yeux, je lui ai envoyé dans la gueule tout ce que j'avais à lui dire, il a joué au con et je me suis cassé. J'étais certes encore blessée, mais désormais plus apte à aller de l'avant que si j'avais fermé ma gueule et que je m'étais tourné les pouces en attendant que le temps passe comme une névrosée. J'aurais bien aimé le raconter à Kyra pour qu'elle se rende compte que cette expérience à été au final bénéfique car Ryan a finit par revenir - ô miracle - mais je le garde pour plus tard car j'pense qu'elle apprécierait probablement pas que je lui déballe ma vie comme si c'était tout de suite une de mes grandes amies, et que je la prenne pour acquise sous prétexte que je lui ai confessée certaines choses. Non, on va y aller doucement. J'ai presque envie de rougir quand elle me dit que c'est "sympa" tellement j'ai l'impression d'avoir fait un putain de pas sur la Lune en ce moment même, ayant même le droit à un "t'es sans doute une fille bien" doux jésus. « Tu penses que je me suis pas rendu compte de la connerie de ce type quand je me suis mise avec lui ? Crois moi, je sais quelle bouffon il peut être parfois, voire souvent. Néanmoins, j'ai appris à l'accepter tel quel, avec ses qualités et ses défauts, dans toute sa complexité et cela semble nous réussir pour le moment, alors, au risque de foncer dans un mur, j'suis prête à lui parler si t'es d'accord, car je veux pas non plus m'imposer. » La dernière chose que j'ai envie de faire, c'est de m'imposer en ce moment même pour devenir encore plus détestée ou méprisée que je ne le suis déjà malgré moi. Souvent, j'aime pas qu'on règle les problèmes pour moi, mais franchement, si mon problème était avec un mec comme Ryan, je serais pas contre l'idée d'utiliser quelques esprits supplémentaires et forces pour qu'il ne serait-ce envisage d'écouter ce que j'ai à lui dire. Alors que Kyra passe aux confessions, j'aimerais bien lui prendre la main pour lui dire que j'ai pas réellement mal pris ces remarques et que dans sa situations actuelle, c'est tout à fait compréhensible, mais une fois de plus, je préfère rester quelques peu en retrait et ne pas paraître de "trop". Je m'adosse contre le bar, croisant les bras et les jambes face à elle, pour lui répondre, du ton le plus sincère et attentionnée qu'il soit : « J'ai pas envie de dire de façon hypocrite que je comprends car c'est totalement faux, étant donné que je n'ai jamais été dans un cas comme le tien, mais j'entends tout à fait la vision quelques peu renfermée et agressive que tu peux avoir en ce moment même, du aux quelques événements difficiles auxquels tu as du faire face. J'te demande pas de m'apprécier, de me traiter comme une princesse ici ou de me parler, j'te demande juste d'ôter de la tête que Ryan va t'oublier avec moi, car c'est totalement pas mon intention et je sais, que même si j'essayais, j'y arriverais pas car Ryan tient à toi comme la prunelle de ses yeux. J'suis pas là pour casser les couilles honnêtement, j'suis juste là pour apprendre à vous connaître tous car ... je sais pas, je suppose que c'est ce que j'avais envie de faire depuis longtemps et que cela me paraît naturel. »

En prenant du recul et en me mettant une seule seconde à la place de Devyn, je crois que je n’aurais pas pu rester aussi calme et ouverte qu’elle. Apprendre que son mari avait caché votre existence à toute sa famille et à ses amis c’était sans doute le genre de nouvelle qui m’aurait littéralement donné des envies de meurtre. Le mariage ce n’est pas un acte banal, pour moi ça a tellement de valeur, c’est sûrement l’acte le plus symbolique pour un couple. Se promettre de s’aimer tout sa vie malgré les épreuves et le reste ce n’est pas rien et ça engendre forcément qu’on doit se montrer honnête envers l’autre. Mais là, dans le cas de ce putain de mariage entre mon frère et Devyn, ce n’était clairement pas le cas et pour plusieurs raisons. D’une, Ryan n’avait pas jugé utile de nous prévenir qu’il était désormais un homme marié et donc ainsi il mettait sa femme dans une situation plus que délicate, parce que débarquer après deux ans de mariage et découvrir que personne ne le sait, ce n’est pas le top. Mais de plus, ce connard l’avait trompé, comme quoi le serment de fidélité il l’a rapidement oublié. D’un côté, je la plains. Je ne vais pas dire que j’ai pitié d’elle parce que ce serait vraiment dur mais faut dire que ça ne doit pas être simple pour elle non plus. Se faire une place, réussir à obtenir le respect des personnes qui aiment le plus Ryan ce n’est pas une chose aisée surtout avec moi. J’ai toujours été aussi froide, surtout quand ça le concerne. Même si ça reste un connard fini, je continue de l’aimer et de vouloir qu’il soit heureux. Je sais que sa rupture avec Malin la vraiment tué. Il faisait mine que les choses s’arrangeraient et qu’il était assez fort pour surmonter cette douleur mais je savais clairement au fond de moi que ce n’était pas le cas. Malin et lui ce n’était pas qu’un flirt d’adolescent, c’était tellement plus. Je n’ai pas réellement compris pourquoi elle la quitté surtout quand on voit comment elle souffre aujourd’hui de le voir avec une autre. Mais je crois que parfois en amour, on fait des trucs déraisonnés. Y a qu’à voir moi et ma pseudo histoire inexistante avec Connor. Je n’ai jamais eu le courage de lui avouer tout préférant ne pas briser son amitié avec mon frère et maintenant je m’apprête à le voir épouser une autre et ma meilleure amie en plus. J’aurais pu engueuler Malin, lui dire que ce n’était qu’une idiote de l’avoir laissé surtout si elle l’aimait encore mais ça aurait servi à quoi ? A rien, elle se sentait bien assez mal et sa mère l’enfonçait assez pour deux. Je sais qu’elle doit regretter sa décision. Une part de moi devrait être heureuse que Ryan ai pu se reconstruire et croire encore à l’amour, sauf que ça me paraît juste impossible, parce qu’en face ce n’est pas Malin.

Je tentais d’essayer de me montrer courtoise avec elle-même si en réalité je n’en voyais pas réellement l’intérêt. Je ne fais pas confiance aux autres et encore moins à ceux que je ne connais pas. Parce que quand je vois où ça me mène de faire confiance aux gens que j’aime comme Navid par exemple, je me dis que vaux mieux pas le faire. Je sens que Devyn a envie d’arranger les choses, qu’elle a envie que ça redevienne comme avant avec mon frère. Ça me semble simplement impossible. J’ai l’impression que trop de choses se sont brisées entre nous entre toutes ces paroles atroces qu’on a pu se dire et tous ces secrets. J’ai l’impression que Devyn cherche à me prouver qu’elle connait mon frère et qu’elle sait comment je devrais agir avec lui pour arranger les choses avec lui. Je dois dire que ça m’énerve parce que ce n’est sûrement pas une fille qu’il connait depuis quoi trois ans qui va m’apprendre comment parler à mon frère. Je crois le connaître mieux que personne et c’est d’ailleurs ce qui me pousse à ne pas aller le voir là maintenant comme me le suggère Devyn. Ça servirait à rien, parce qu’il trouverait encore le moyen de me hurler dessus parce que je n’ai pas eu le courage de lui parler de Loghan et ça j’en ai pas besoin. Avouer qu’on se fait frapper par le mec qui est censé vous aimer ça n’a rien de réjouissant. « Ecoute, on va clore le sujet le sujet Ryan. Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, si tu cherches à prouver que tu le connais mieux que moi parce que ce n’est clairement pas le cas. Même si ça fait trois ans, ça ne veut rien dire. Si je te dis que je ne veux pas le voir, que je ne veux pas l’affronter, j'ai mes raisons alors cherches pas » que je lui ai dis d’un ton froid et presque fermé à nouveau. Je crois que si on veut éviter de s’en mettre mutuellement dans la tronche là maintenant. Je reste silencieuse essayant de contenir mes émotions et ma colère pour ne pas me mettre à lui balancer un tas d’atrocité au visage comme par exemple que son mari s’est tapé son premier amour au point de la faire marcher croche pendant une semaine. Puis finalement c’est Devyn qui reprend la parole d’un ton extrêmement doux – presque attentionné pour me dire qu’elle ne compte pas semer la zizanie entre mon frère et moi et qu’elle n’est pas non plus là pour détruire ma relation avec ce dernier, rappelant qu’il me considère comme la prunelle de mes yeux. Elle termine en me disant qu’elle a simplement envie d’apprendre à nous connaître parce que ça lui paraît être une chose normale en devenant la femme de mon frère. Je passe une main dans mes cheveux en la fixant quelques secondes. « Ryan a merdé en te cachant ton existence. Je suis blessée à cause de ça mais je pense que toi aussi t’as des raisons de l’être » Que je lui dis d’une voix plus calme me servant un jus de fruit avant de lui en servir aussi un le glissant vers elle. Je me rapproche légèrement en buvant une gorgée. « J’ai fais des études d’arts. Je songe à ouvrir ma propre galerie en ville, mon père compte m’aider. J’ai toujours été passionnée par tout ce qui attrait à la peinture et au dessin. C’est pour ça aussi que je suis partie à Paris après avoir obtenue une bourse d’étude » Que je lui dis pour – enfin – répondre à sa question de tout à l’heure. Je la regarde prenant une légère inspiration ne sachant pas vraiment si ce calme entre nous va durer. « Et toi alors ? Tu bosses dans quelle branche ? Je ne sais pas grand-chose de toi faut dire… » Que je lui dis pour qu’elle me parle un peu d’elle ; histoire qu’au moins je ne sois pas totalement inculte sur la femme de mon frère.